« La rue la plus fréquentée de la ville »
Au XXe la rue de Trans était la rue la plus fréquentée de la ville et la plus commerçante, une rue très populaire et très animée.
Nous la voyons encore à la fin du règne de Louis Philippe regorgeant de monde. Presque toutes les industries dracénoises, ainsi que les industries artistiques y étaient représentées : cardeuse à laine, drapiers, pinchiniers, tonneliers, cordiers, merciers, orfèvres, peintres, sculpteurs, verriers… dans les boutiques des rez-de-chaussée. Elle était aussi un lieu de rassemblements, on s’y retrouvait dans de nombreuses fêtes de quartier, où se retrouvaient toutes les communautés.
Place aux Herbes
Une vie de quartier très dense
C’était un quartier très animé ! Pour beaucoup c’était là que l’on se retrouvait pour faire la fête. On faisait la fête du quartier, à la belle saison, sur de grandes tables devant les bars et les bistrots, les habitants et leurs amis pouvaient partager un immense repas.
Fête de quartier
Lorsque l’on déambulait dans ces rues, on pouvait trouver toutes sortes de commerces, et aux étages de ces grands bâtiments, vivaient les familles du quartier. Les gens, comme dans les autres quartiers, vivaient au rythme des saisons. L’été, les habitants du début de la rue de Trans détournaient l’eau qui descendait du ruisseau de la rue de l’Observance et arrosaient les trottoirs pour apporter un peu de fraîcheur. Les adultes prenaient le frais, le soir après le repas, sur le pas de leur porte. Quelques femmes plus âgées jouaient à “mistigri”. Cette vie nocturne se prolongeait parfois passé minuit.
Durant les journées estivales, les enfants s’amusaient dans la rue. Ils courraient à travers le dédale des petites traverses environnantes. Un des divertissements apprécié était la descente en carriole depuis le cimetière, jusqu’au bas de la rue de Trans. A l’époque pas de voitures, donc pas de risques d’accidents graves, mais pas toujours du goût des gens qui voyaient arriver sur eux ces petits engins bruyants.
Un quartier multiculturel
De nombreuses familles italiennes et arméniennes furent obligées de quitter leur pays. Ils arrivèrent en France et s’arrêtèrent au gré des emplois. Quelques-unes s’installèrent ici, dans ces rues de la vieille ville de Draguignan pour y travailler. Les emplois occupés étaient divers, comme le secteur industriel.
Nous les retrouvons surtout dans un artisanat délicat, comme les métiers de “tailleurs”, “cordonniers” et « bottiers » par exemple. Les usines de textile étaient très nombreuses et proches du secteur dracénois. C’était un travail délicat et précis, et la renommée de ces artisans ne tarda pas à se faire connaître.
Il y avait aussi des “boulangers” et “bouchers” par exemple, dont les enseignes étaient parfois tenues entre pères et fils. Comme le cordonnier Mr Djimerjan, ou la boulangerie de Mr Joseph Barresi. Toutes ces rues formaient tout un quartier multiculturel ! L’héritage d’un formidable métissage. La communauté arménienne était en particulier installée à la Place aux Herbes. C’était l’opportunité de faire partie de cette vie de quartier, d’échanger et de prospérer. Certaines de ces familles y vivent encore aujourd’hui et leurs témoignages nous rapportent le souvenir d’un quartier très vivant, où tous se connaissaient.
Les bons moments de notre temps
Nos beaux sportifs
Des rencontres de football inter-quartier entre les équipes du portail de Trans, du Marché ou du Jardin des Plantes étaient organisées. Des joueurs de Sporting comme Alexandre BECCARIA, CLAIRICI, FORNI, ont usé leurs premières chaussures dans ces équipes où jouaient également CHEILAN, ESQUIER, ROUVIER.
source “c’était notre Draguignan” Georges Gayol 1925-1955. doss anecdote
Le fromager qui sauva le marché
La grande parade d’animaux dont Mr Clairici nous confie la belle anecdote: A l’époque des cirques itinérants, tels que les cirques Amar et des frères Bouglione faisaient défiler leurs animaux dans les rues de la ville. Un jour, alors qu’ils arrivèrent en plein cœur du marché, devant les stands de légumes, les éléphants se jetèrent sur les salades, créant ainsi une panique générale ! C’est alors que le fromager eut l’idée de saisir ses fromages et les porta sous la trompe de ces géants à grandes oreilles. Aussitôt, les éléphants partirent, écœurés! Ce jour-là, le fromager sauva les stands. Et depuis ce jour, les animaux ne défilèrent plus dans les rues.
Une envie de danser
Dans les années 60 il y eut l’arrivée du Jazz dans le quartier, au bistrot Le bon Jus. La patronne de l’établissement prêta les clefs de sa cave au club de Jazz de la ville de Draguignan. Puis en 1965 le quartier vit la naissance de deux nouveaux clubs clandestins “ Le Dragon” et “ La Voûte ». Sans oublier le plancher des 1000 colonnes pour se déhancher ! Des lieux de rendez-vous pour les amoureux de Jazz, puis de Rock, et de musiques alternatives.
Cocot, L’inoubliable
A Draguignan, pour la Saint Hermentaire, Place aux Herbes pour la fête du quartier, aux Arcs, à Flayosc ou ailleurs, dans les villages environnants, on ne verra donc plus sur les tréteaux des radio-crochets ou des concours de chant, ce personnage légendaire et populaire, universellement connu sous le nom diminutif de « Cocot« , de son vrai nom Jeannot Sermerdjian.
Connu comme le loup blanc pour ses plaisanteries, son humeur toujours au beau fixe, sa tenue vestimentaire tout à fait particulière, quand il ne chantait pas, on le rencontrait partout vendant des cacahuètes ou des rafraîchissements aux employés.
De nombreuses familles, des commerçants, de belles fêtes et concerts, ainsi que de surprenantes anecdotes, auront fait vibrer de leurs mémoires, tout un quartier durant plus d’un siècle.